L'idée que cette sonate n'est pas une juxtaposition de pièces
(interchangeables avec les mouvements d'une autre sonate de même
tonalité) est renforcée par le fait que les mouvements ne sont pas
tous dans la même tonalité :
Mouvement | Tonalité au début | Tonalité à la fin |
![]() |
La majeur | La majeur |
![]() |
Ré mineur | Ré majeur |
![]() |
Sol mineur | Fa# mineur |
![]() |
La majeur | La majeur |
On commence par observer qu'à cause du troisième mouvement, il a été
nécessaire de discerner les
tonalités de début de fin. On remarque aussi que les mouvements et
se terminent sur la dominante du mouvement suivant. Les
mouvements
,
et
commencent tous sur leur dominante. En
effet, le mouvement
, commence de la sorte :
Donc sur un accord de dominante de La majeur. Le deuxième mouvement, lui commence par une dominante de Ré mineur :
Ces trois mesures ont été ajoutées au dernier moment au crayon
([3]), ce qui laisse entendre que Franck avait décidé, à
l'avance, d'effectuer ce parcours tonal, et que ces mesures ne sont
qu'une transition du premier mouvement vers le deuxième. En quelque
sorte, cette introduction est autant la conclusion du premier
mouvement que l'ouverture du deuxième.
Le troisième mouvement présente la même particularité, il
commence sur un accord de dominante de Sol mineur :
Ce mouvement, au lieu de nous ramener vers son ton principal, nous emmène au fil des modulations en fa# mineur. Le ton relatif de la tonalité principale, le quatrième mouvement est en La majeur :
Ce mouvement, sans introduction, commence directement par le thème du
refrain, qui est dans la tonalité principale. Sa particularité réside
dans le fait que ce thème est repris dans des tonalités distinctes. Au
fil des sections, Franck effectue un parcours tonal qui passe par un
dernier couplet en La Majeur avant de conclure par une coda dans la
même tonalité. Il est assez fréquent dans ses oeuvres que seuls les
premier et dernier mouvements soient dans la tonalité principale ([1]).
Les mouvements et
sont donc reliés aux mouvements qui les
précédent par ces accords de dominante, et le fait que les trois
premiers mouvements commencent sur des dominantes crée une tension et
une instabilité dès les premières notes.
Cette façon de combiner les mouvements et de les fondre les uns dans
les autres est un moyen parmi d'autres de créer une unité dans la
sonate. Nous allons voir par la suite que Franck est allé beaucoup
plus loin.
klaus 2016-04-26