Parcours Tonal

L'idée que cette sonate n'est pas une juxtaposition de pièces (interchangeables avec les mouvements d'une autre sonate de même tonalité) est renforcée par le fait que les mouvements ne sont pas tous dans la même tonalité :

Mouvement Tonalité au début Tonalité à la fin
$I$ La majeur La majeur
$II$ Ré mineur Ré majeur
$III$ Sol mineur Fa# mineur
$IV$ La majeur La majeur


On commence par observer qu'à cause du troisième mouvement, il a été nécessaire de discerner les tonalités de début de fin. On remarque aussi que les mouvements $I$ et $II$ se terminent sur la dominante du mouvement suivant. Les mouvements $I$, $II$ et $III$ commencent tous sur leur dominante. En effet, le mouvement $I$, commence de la sorte :

\includegraphics{81/lily-d5ca41ee-1}

Donc sur un accord de dominante de La majeur. Le deuxième mouvement, lui commence par une dominante de Ré mineur :

\includegraphics{58/lily-e036a3ff-1}

Ces trois mesures ont été ajoutées au dernier moment au crayon ([3]), ce qui laisse entendre que Franck avait décidé, à l'avance, d'effectuer ce parcours tonal, et que ces mesures ne sont qu'une transition du premier mouvement vers le deuxième. En quelque sorte, cette introduction est autant la conclusion du premier mouvement que l'ouverture du deuxième.

Le troisième mouvement présente la même particularité, il commence sur un accord de dominante de Sol mineur :

\includegraphics{ed/lily-dbe8305d-1}

Ce mouvement, au lieu de nous ramener vers son ton principal, nous emmène au fil des modulations en fa# mineur. Le ton relatif de la tonalité principale, le quatrième mouvement est en La majeur :

\includegraphics{3b/lily-ec6b96d7-1}

Ce mouvement, sans introduction, commence directement par le thème du refrain, qui est dans la tonalité principale. Sa particularité réside dans le fait que ce thème est repris dans des tonalités distinctes. Au fil des sections, Franck effectue un parcours tonal qui passe par un dernier couplet en La Majeur avant de conclure par une coda dans la même tonalité. Il est assez fréquent dans ses oeuvres que seuls les premier et dernier mouvements soient dans la tonalité principale ([1]).

Les mouvements $II$ et $III$ sont donc reliés aux mouvements qui les précédent par ces accords de dominante, et le fait que les trois premiers mouvements commencent sur des dominantes crée une tension et une instabilité dès les premières notes.

Cette façon de combiner les mouvements et de les fondre les uns dans les autres est un moyen parmi d'autres de créer une unité dans la sonate. Nous allons voir par la suite que Franck est allé beaucoup plus loin.

klaus 2016-04-26