Les thèmes composant , bien que non utilisés dans le quatrième
mouvement, sont tous construits sur des motifs ou des thèmes entendus
dans les deux premiers mouvements. Le premier de ces motifs se trouve
dans l'introduction, jouée par le piano, qui permet de faire la
transition depuis l'accord de Ré majeur terminant le mouvement
en
la muant en dominante :
Alors que l'on attend un accord de Sol mineur, le violon joue un
accord de Mib majeur (degré ), donnant un effet proche de celui
d'une cadence rompue :
Il ne s'agit pas exactement d'une cadence rompue parce que cet accord
est renversé (chiffré ), de la même façon
que dans
(accord majeur renversé, la tierce à la fois au thème
et à la basse). Cette pseudo-cadence rompue sert à effectuer un emprunt
en Mib, qui est une tierce en dessous de Sol. On remarque au passage
que cet extrait, joué au violon seul, développe le motif
en
mouvement contraire.
Ce solo de violon se poursuit sur le motif en arpèges suivant :
On remarque d'une part que cet extrait esquisse le thème
, et que de plus chaque note de
est abordé par un
intervalle de tierce (motif
). Cet extrait sera, plus tard dans ce
mouvement, repris au piano et superposé au motif de violon suivant :
On remarque au passage que le thème commence sur le premier
temps dans l'extrait ci-dessus, et sur le troisième temps dans
l'extrait qui le précède. La superposition des deux forme un canon,
initié par le violon et repris à la tierce inférieure par le piano.
A ce thème succède deux phrases citant par
l'intermédiaire de
, et modulant à la tierce mineure
inférieure.
Cet extrait est d'une subtilité harmonique certaine, les pistes étant
brouillées par les accords de neuvième, et l'utilisation du -ème
degré. Les chiffrages mentionnés correspondent à la perception de
l'auteur, et sont bien entendu discutables. Lorsque le premier accord
est joué, nous sommes encore en Sol mineur, mais comme il sert à
effectuer une modulation en Ré mineur (qui ne se perçoit vraiment que
lorsque le mi bécarre est joué), il a été chiffré
de Ré
mineur. On observe aussi un emprunt à l'homonyme de ré mineur,
qui s'entend lorsque le si bécarre est joué à la deuxième mesure par
le pouce de la main droite. Sans cette note, on aurait une fausse
relation de demi-ton dans la ligne mélodique, d'où l'emploi d'un
accord de neuvième pour accompagner cette modulation.
De façon assez surprenante, cette phrase ce termine par un
enchaînement
, assez peu utilisé du fait de sa
couleur modale, mais très apprécié par Franck. En effet les
balancements entre
et
sont récurrents dans cette sonate :
deux premières mesures de
,
-ème et
-ème mesures de
.
La première occurrence de cette phrase nous emmène donc en Ré majeur
et la deuxième en Si majeur, où est exposé le thème suivant,
contrastant avec les précédents par ses petits intervalles :
Une fois de plus, on observe un balancement entre deux accords, le deuxième subissant des altérations expressives :
Le fa double dièse nous montre que Franck (ou l'éditeur) a pensé le
début de l'extrait en Do# mineur. Franck se sert ensuite de
l'altération du deuxième accord de balancement pour effectuer une
modulation "à la Liszt" au demi-ton supérieur (utilisation du de
Do# mineur comme
de Ré mineur). Mais on peut l'analyser plus
simplement en Si majeur :
,
,
, suivi du
de
l'homonyme, servant de dominante au ton majeur relatif. Cette deuxième
analyse est plus simple et fait de plus apparaître une modulation à la
tierce supérieure.
klaus 2016-04-26